Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Léonard Simard
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 15 juin 2013

Né à l’Ascension en 1933, fils aîné d’une famille ouvrière de dix enfants, Léonard Simard aborde le monde du travail à l’âge de 15 ans. Tour à tour commis-vendeur, aide-cuisinier, draveur, mesureur, menuisier, les clés de son univers se trouvent dans le coffre à outils de son père. Entre ses mains habiles, ces objets de travail deviennent moyens d’expression artistique. Langage que son ancien professeur, le frère Gaston Caron, a su comprendre et traduire avec éloquence pour lui ouvrir les portes de l’École des beaux-arts de Montréal de 1955 à 1958.

D’abord dessinateur au bureau d’architectes Saint-Gelais, Tremblay et Tremblay, Léonard parvient à jumeler à la fois une profession engagée dans le soutien aux humains et son besoin d’expression artistique. À19 ans, il devient moniteur au service de thérapie de réadaptation à l’Hôtel-Dieu de Roberval. Il enseigne aux patients de longue durée à utiliser différents médiums : bois, glaise, cuir, dessin, peinture. Huit ans plus tard, il est nommé responsable de ce service, où, jusqu’en 1999, il dirige sept employés et 80 bénévoles. Il y devient aussi le concepteur et dessinateur d’aménagement physique de plusieurs services. Cela, tout en poursuivant une formation en administration, en psychologie, en thérapie.

Émule des signataires du Refus global au temps des Beaux-Arts, Léonard Simard ressentira séduction et tourment sous les vents contradictoires pour finalement choisir de vivre sa vie d’homme, d’époux et de père au rythme des vagues du Piekouagami. Son emploi, ses engagements sociaux dans la communauté de Roberval s’intègrent à sa vie d’artiste. Sa part de rêve peut s’affirmer, fort du soutien indéfectible de sa compagne Colette Laroche. Celle-ci assumera la direction de la boutique et galerie d’art québécois, Le Godet, aménagée lors de la réfection d’une maison érigée en 1885. Elle est le prélude à de nombreuses actions que cet artiste entreprendra au service de la protection et de la promotion du patrimoine historique du Lac-Saint-Jean et de Charlevoix.

En effet, il a consacré de nombreuses œuvres à la Traversée internationale du lac Saint-Jean. La plus spectaculaire est un triptyque en béton inauguré en 1984 qui évoque les trois grandes étapes de la conquête du lac à la nage : la préparation, l’action et l’arrivée. Mais surtout, il a contribué à plusieurs initiatives au service de la mémoire de grands personnages. Comme les sculptures du Circuit des grands maîtres à Baie-Saint-Paul avec les bustes de Jean-Paul Riopelle, William Brymner ou Alexander Young Jackson (cofondateur du Groupe des sept) et Francesco Yacurto. Il a aussi réalisé les bustes de Laure Gaudreault, fondatrice du syndicat des institutrices rurales, du Dr Camille Laurin (père de la loi 101), du Père Georges-Henri Lévesque, fondateur de la faculté des sciences sociales. Des initiatives qui ont inspiré le Circuit hommage aux bâtisseurs à Roberval. Initiateur de ce projet, M. Simard a débuté par le bronze de Martin Bédard, en 2005, à l’occasion des célébrations du 150e anniversaire de la ville.

Sculpteur, ébéniste, portraitiste, paysagiste, Léonard Simard a toujours manifesté une totale indépendance quant aux différentes écoles de pensée. Cela se reflète sans équivoque dans ses œuvres où l’on voit qu’il se nourrit de toutes les tendances. Le but n’est pas la manière mais l’objet en soi, le résultat. Parcourir son œuvre est un voyage où se succèdent la finesse, voire la sobriété des traits sur des visages rarement sereins, et la violence dans un débordement de couleurs et d’empâtements de paysages d’automne. On retrouve des passages de grande accalmie, des enchevêtrements géométriques joyeusement vivants, s’opposant aux vols chaotiques d’oiseaux noirs pour aboutir, soudain, dans des compositions champêtres, bas-reliefs d’une sérénité émouvante.

« Un homme simple, un homme humble, un homme généreux, un homme de cœur, un homme enraciné dans ses valeurs; son parcours artistique est éloquent. Tantôt le pinceau, tantôt le ciseau à bois, tantôt le béton, tantôt la glaise, Léonard maîtrisait parfaitement les différentes matières utilisées et leur donnait vie. » Ainsi le décrit Michel Larouche, maire de Roberval.

Peu avant sa mort prématurée, survenue le 2 mai 2010, Léonard Simard travaillait sur une nouvelle sculpture, le buste du curé Ernest Lizotte, pour l’ajouter à l’héritage de sa ville et, par extension, de toute la région. Parmi ces œuvres, il y a Nutaanngurititsigbniaq — ou l’action de faire quelque chose une seconde fois — au Centre Le Bousquet; Havre du Lac inaugurée en 1992 lors du 75e anniversaire de l’Hôtel-Dieu et L’Arbre de vie, bronze du 150e de Roberval.

Léonard Simard a été le conseiller, le guide de nombreux artistes et artisans qu’il a encouragés à croire en leur talent artistique. Par son engagement social et communautaire, par son art mis au service de la reconnaissance des personnages illustres de la société, par sa détermination à promouvoir l’art et la culture pour le développement de la collectivité, cet artiste a été un guide, un mentor pour sa communauté.


Le 15 juin 2013
LÉONARD SIMARD

Peintre et sculpteur
Remarquable contributeur
au patrimoine culturel

fut reçu membre de L’Ordre du Bleuet
À titre posthume

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samedi 25 mai 2013

Léonard Simard sur vidéo au Gala 2013


Quelques minutes pour se souvenir d'un grand moment

Gala 2013 de l'Ordre du Bleuet
Léonard Simard
reçu à titre posthume

        
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POURQUOI L'ORDRE DU BLEUET

L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.